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Une salle d’opéra à la Guillotière ? Le projet avorté de Louis Pradel

En 1974, les regards sont rivés sur le quartier de la Part-Dieu, où l’auditorium Maurice-Ravel doit bientôt ouvrir. C’est à ce moment-là que Louis Pradel révèle qu’il a pour projet de bâtir un opéra à la Guillotière…

Dans les années 70, alors que l’Auditorium de Lyon est en pleine construction, les grincheux s’impatientent. Pourquoi privilégie-t-on la musique au théâtre ? Pourquoi ne bâtit-on pas, comme à la Porte Maillot à Paris, un centre de congrès qui pourrait accueillir conférences et spectacles ? Et d’ailleurs, pourquoi construit-on une salle dédiée à la symphonie ? En effet, l’ancien opéra de la place de la comédie est devenu tout à fait vétuste. Avec à peine 600 places convenables d’où l’on peut voir la scène, les lyricomanes lyonnais attendent mieux.

Le maire de Lyon, Louis Pradel, tient bon. En mai 1974, Le Progrès rapporte ses propos : « Lorsque nous avons décidé de faire un auditorium, il n’y avait à Lyon, comme salle musicale, que la salle Rameau, dont l’état était pitoyable. Le grand orchestre ne pouvait être accueilli sur le plateau. On a pensé à faire l’auditorium pour l’orchestre. M. Landowski, le directeur de la musique au ministère des Affaires culturelles m’a dit qu’il m’aiderait à financer un auditorium. Il n’était pas question d’un opéra. »

« Nous avons, et j’en parle pour la première fois, le projet d’un nouvel opéra à la Guillotière » (Louis Pradel, 1974)

Car le théâtre lyrique, c’est ailleurs qu’il veut le créer ! Pradel a pour idée de faire bâtir un opéra à la Guillotière, en plein cœur de ce quartier populaire qu’il veut entièrement transformer. Le projet est clair : « Nous allons réaliser la Z.A.C. (zone d’aménagement concertée, un projet d’urbanisme décidé par les autorités publiques, ndlr) de la Guillotière de 100 hectares. Raser tout ce quartier vétuste où il y a quelques artisans, des entrepôts et peu d’habitations et faire un quartier neuf où 20% seront réservés aux H.L.M., où il y aura des jardins publics. C’est là que nous avons, et j’en parle pour la première fois, le projet d’un nouvel opéra. Il y aura donc un triangle culturel : l’auditorium, la bibliothèque, et cet opéra proche de la préfecture, qui sera desservi par le métro. »

La mairie est formelle : l’excellence musicale lyonnaise a besoin de deux scènes. L’une lyrique, l’autre symphonique. « À Paris, ils n’ont pas d’auditorium et les Parisiens le regrettent », argue Louis Pradel. D’autre part, le ballet de Lyon n’a, à l’opéra, pas suffisamment de place, et doit répéter à Gerland ! Une véritable aberration, selon la mairie.

Un projet qui, on le sait bien, n’a jamais vu le jour. En lieu et place d’un opéra à la Guillotière, la mairie fait plus tard un tout autre choix. Celui de rénover et restructurer entièrement l’opéra historique de la place de la comédie, la résidence actuelle de l’Opéra de Lyon. C’est Jean Nouvel qui s’y attelle. Et le ballet de l’Opéra de Lyon dispose désormais de l’un des plus beaux studios de répétition au monde, sous le dôme de verre du bâtiment, avec une vue panoramique sur la ville de Lyon….